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Portrait

Dati : Walesa et moi

Par Éric Fottorino
Elle était ado. Il était son héros insoupçonné. Celui qu’elle voyait le soir à la télévision dans les années 1980 et qui portait sur le visage le masque de l’héroïsme modeste. Pour la jeune Rachida, il était l’un des siens, celui qui ressemblait à son père. Elle reçoit dans sa mairie du 7e arrondissement aux façades orangées par l’été indien. En l’attendant, on a pu lire à même le marbre les noms des déportés du quartier pendant la Seconde Guerre mondiale. Est gravé le nom de Robert Antelme, l’époux de Marguerite Duras, qui rentra mort-vivant de Dachau et réchappa in extremis du typhus. Il pourrait avoir inspiré l’ancienne garde des Sceaux, elle qui dit aimer « les personnes avec des vies denses, qui manifestent une détermination dans leur art ou dans leur action ; qui vont jusqu’au bout ». Nul doute qu’elle ne récuserait pas l’auteur de L’Espèce humaine, un des livres les plus poignants écrit sur la vie dans les camps. Mais Rachida Dati joue franco. Elle ne va pas vous envoyer à la figure un penseur ronflant, un idéologue avec des références longues comme le bras. Elle n’est pas venue en politique par et pour les grandes théories, mais à seule fin d’agir dans l’espace public. «À 15 ans, à 20 ans, à 35 ans ou maintenant, je me suis toujours émerveillée et je m’émerveille encore. Je ne suis jamais grisée, ni blasée, ni cynique. » Elle avoue sans détour n’avoir pas la politique « chevillée au corps ». Ce qui la fascine, ce sont les destins qui sont allés « à l’encontre du déterminisme ». L’objet de ses admirations ne pouvait qu’illustrer cette capacité forcenée à s’opposer. C’est pourquoi on n’est guère surpris d’apprendre qu’adolescente, collégienne en Saône-et-Loire, Rachida Dati vibrait pour Lech Walesa, le cofondateur du syndicat Solidarnosc, qui changea la donne du communisme en Pologne et bien au-delà, dont le verbe et le courage secouèrent comme jamais ce qu’on appelait le glacis soviétique.

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